Elles attendaient sa visite avec impatience. Il était, pour
elles, comme un grand frère bienveillant de qui elles s’ennuyaient. Marthe
voulait que tout soit parfait et Marie avait promis de l’aider. Et Marie avait
fait un peu sa part, mais pas autant que Marthe aurait voulu. C’était bien sa
sœur Marie : gentille, mais un peu rêveuse. Tout le monde aimait Marie. Elle
n’était pas la femme la plus efficace, mais, comme on dit souvent, elle avait
le cœur à la bonne place.
Marthe s’en faisait parfois pour elle, et pour son frère
Lazare aussi. Du plus loin qu’elle pouvait se rappeler, Marthe avait toujours
été la plus responsable de la famille. Elle avait réalisé plus vite que les
autres que, pour devenir un adulte, il fallait prendre ses responsabilités.
Tout le monde se confiait à elle et lui faisait confiance. S’il y avait une
tâche à accomplir « demandez à Marthe ». Elle était fière de ce
statut de femme qui savait où elle allait et d’organisatrice hors pair. Mais
parfois, elle avait l’impression que personne ne s’intéressait vraiment à elle.
Donc, inconsciemment, elle en faisait encore plus pour être remarquée.
Mais ce n’était pas la même chose avec leur invité. Lui, il
la voyait comme quelqu’un d’important : il ne voyait pas juste son
travail. Il voyait plus loin, et ça lui faisait du bien. Pour Marthe, et pour
Marie aussi d’ailleurs, c’était un invité vraiment spécial. Alors, raison de
plus pour « mettre le paquet »!
À son arrivé, les deux sœurs l’accueillirent avec joie.
Marie restât avec lui, alors que Marthe s’empressât de terminer les
préparatifs. Mais, oh, qu’il y avait beaucoup à faire! Marthe commença à être irritée. Et Marie, elle, profitait du
moment à écouter leur ami, alors que Marthe allait ici et là dans la maison. Il
vint un moment où Marthe en eût un peu assez d’être celle qui courait partout,
plutôt que de laisser les autres faire le travail. Elle tentât d’influencer
leur ami à pousser Marie à l’aider. Après tout, il comprendrait que ce n’était
pas juste que ce soit rien qu’elle qui s’occupait des choses importantes. Mais
sa réponse l’étonna. Il lui dit en la regardant avec toute la tendresse du
monde :
« Marthe, Marthe, tu t’inquiètes et tu t’agites pour
beaucoup de choses. Or, une chose est nécessaire. Marie a choisi la bonne part,
qui ne lui sera pas ôtée. »
Jésus ne voulait pas un repas de Prince, une maison
impeccable et tous les honneurs que Marthe voulait lui faire. Il voulait juste
passer un bon moment avec ces deux sœurs qu’il considérait comme les siennes.
Cette histoire de la Bible nous parle encore aujourd’hui de
bien des façons. Mais ce qu’elle ne veut pas dire, c’est de laisser tomber nos
responsabilités. Il s’agirait plutôt d’établir nos priorités.
Combien de fois nous arrive-t-il de vouloir si bien faire,
par exemple avec nos enfants et ceux qui nous sont chers, que nous manquons
l’essentiel.
Vos enfants n’ont pas autant besoin d’une maison bien
astiquée, de repas équilibrés et délicieux, que de vous, votre présence. Vos
amis peuvent apprécier que vous leur rendiez service, mais ce qu’ils apprécient
encore plus, c’est que vous vous intéressiez à eux, à ce qui leur arrive. Vos
invités aiment bien que vous leur cuisiniez un repas spécial, mais ils aimeront
davantage que vous soyez cordial et que vous preniez le temps de leur parler
et, surtout, de les écouter. Votre femme appréciera que vous lui rendiez
service, que vous fassiez votre part dans la maison et même que vous lui
apportiez des fleurs à l’occasion (m’aimez-vous mesdames?). Mais elle préférera
que vous lui parliez de ce que vous vivez, de vos
émotions, pas de votre emploi du temps, ni du temps qu’il fait dehors. Et montrez-lui….que vous vous intéressez à elle.
Et, de même, vous pouvez faire des choses merveilleuses pour
Dieu, mais si vous ne vous intéressez pas à Lui, vous manquez un peu le bateau.
La prière, ce n’est pas tant de demander (pour vous, pour les autres), mais de
passer un moment avec Lui et essayer de savoir ce qu’Il veut, ce qu’Il aime, ce
qu’Il a à nous dire.
N.B. Ce texte est tiré d'une revue où j'ai publié il y a quelques années: Actes 29.
N.B. Ce texte est tiré d'une revue où j'ai publié il y a quelques années: Actes 29.